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  • 18 octobre 2013. Ronan Dantec à l'écoute des salariés ABRF

    Il faut aujourd'hui trouver les moyens pour assurer le sauvetage de l'entreprise et la pérenniser. Son expertise, son savoir-faire mais également sa compétitivité sur le plan européen sont autant d'atouts à valoriser.

    Les produits de l'écotaxe, en finançant le développement des infrastructures alternatives à la route, notamment dans la perspective de l'augmentation du fret ferroviaire, constituent un levier nécessaire. Le sauvetage des ABRF doit être inscrit dans cette perspective, a l'exemple de l’Allemagne, de reprise du trafic de fret ferroviaire.

    Eglement sur le sujet : Ouest-France et Châteaubriant actualités

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  • 24 octobre 2013. Communiqué de Presse de Ronan Dantec et François-Michel Lambert "Halte aux contre-vérités sur l'écotaxe!"

    Halte aux contre-vérités sur l'écotaxe !

    Les manifestations actuelles en France, et tout particulièrement en Bretagne, peuvent faire craindre de nouveaux retards dans la mise en place de l'écotaxe poids lourds. Nous voulons dire aujourd'hui avec force qu'un nouveau report ne règlerait rien, et retarderait encore la nécessaire modernisation de l'offre de transport et d'organisation logistique dans ce pays.

    L'écotaxe c'est d'abord une fiscalité écologique qui instaure un cercle vertueux : Elle résulte du Grenelle de l'environnement. Cette taxe existe dans cinq pays européens. Mise en place dès 2005 en Allemagne, elle a permis de mobiliser 4,3 milliards d'euros en 2012, et la part du fret ferroviaire y a fortement augmenté.

    En faisant payer l'usage des routes par leurs utilisateurs réels, l'écotaxe s'inscrit dans une logique de changement des comportements et une optimisation des transports : moins de marchandises circulant en tous sens sur nos routes et des circuits plus courts. En s'appliquant aussi aux camions circulant à vide, elle incite également les transporteurs à rationaliser les tournées.

    Il s'agit aussi de relativiser son impact sur les prix : le coût du transport représente 10% du prix des marchandises, la taxe est de 4,1% et elle ne porte que sur le transport routier empruntant les seules routes surchargées (1% du réseau routier français). L'impact de la taxe sera très limité, la moitié d'1 centime pour une salade de 1 euro. Même pas le coût du sachet plastique ! Bien loin du gaspillage de la chaîne de distribution (7% du prix du produit soit 7 centimes pour une salade à 1 euro).

    Ceux qui s'insurgent contre cette taxe aujourd'hui manipulent la réalité. L'écotaxe ne va pas détruire l'économie locale. Au contraire, applicable à tous les transports, et payable au kilomètre, elle va pénaliser les transports longs et ainsi faire baisser l'avantage concurrentiel de marchandises provenant de pays aux normes sociales et environnementales faibles, ou encore faire payer aux transporteurs routiers étrangers qui ne font que traverser la France du Sud au Nord, et qui n'apportent rien à notre économie si ce n'est pollution et destruction de nos routes. Les flux financiers créés par l'écotaxe sont ainsi créateurs d'emplois que ce soit par l'investissement en infrastructures (près de 1 milliard d'euros par an) et par la protection des emplois locaux contre certaines importations. Nous devons donc faire preuve de plus de pédagogie et de conviction dans notre manière de défendre l'écotaxe.

    Concernant la Bretagne, l'écotaxe s'inscrit clairement dans le soutien à des logiques de transformation sur place des productions. Faut-il rappeler que 700 000 porcs bretons sont envoyés à l'abattage en Allemagne chaque année ! L'application de l'écotaxe irait dans le sens de leur abattage sur place. Ainsi seule la viande sera exportée, pas le cochon vivant ! Faire de l'écotaxe un symbole des difficultés actuelles du secteur est donc un contre-sens total.

    En tant que Vice-présidents des commissions du développement durable au Sénat et à l'Assemblée nationale, Ronan Dantec et François-Michel Lambert estiment que le gouvernement doit rester ferme sur l'application au 1er janvier de l'écotaxe, et, tout en soutenant son aménagement dans le cas de régions excentrées, dénoncent son instrumentalisation par certains lobbies, de toute évidence plus soucieux de leurs profits immédiats en instrumentalisant ceux qui souffrent de la fin d'un modèle productiviste, que des enjeux environnementaux et de développement local.

    Ronan Dantec, sénateur & François-Michel Lambert, député.

     

  • 24 octobre 2013. Tribune de Ronan Dantec et François-Michel Lambert dans la Tribune.fr

    Tribune de Ronan Dantec et François-Michel Lambert : Ne laissons pas le champ libre à la désinformation, mobilisons-nous pour une mise en place rapide de l'écotaxe.

    En ligne ici

    Ecotaxe: halte à la démagogie des lobbies !

    Le vote de l'écotaxe poids-lourds a suscité une levée de bouclier de la part, notamment, des agriculteurs et des professionnels du secteur. Pourtant, cette mesure aurait des avantages...même pour eux. Par les écologistes François-Michel Lambert, député des Bouches-du-Rhône et Ronan Dantec, sénateur de la Loire-Atlantique.

    Nous voulons dire avec force à ceux qui espèrent encore pouvoir suspendre la mise en place de l'écotaxe poids lourds que, sans rien changer à leurs difficultés, cela ne ferait que reporter à leur détriment la modernisation impérative de l'offre de transport et de logistique dans notre pays.

     

    Revenons tout d'abord aux raisons de l'instauration de l'écotaxe qui résulte du Grenelle de l'environnement et qui fonctionne avec succès dans 5 pays européens. Il s'agit avant tout d'instaurer un cercle vertueux en faisant payer aux transporteurs routiers, français et étrangers, le coût réel de l'utilisation des routes (qui s'abîment 20 à 100 fois plus avec des poids lourds qu'avec des voitures).

    En Allemagne, l'éco-taxe a rapporté 4,3 milliards d'euros

    D'une part, l'écotaxe va responsabiliser les transporteurs et les inciter à optimiser leur logistique, en diminuant les distances de circulation des marchandises et en favorisant des circuits plus courts. En s'appliquant aussi aux camions circulant à vide, elle incite en outre également les transporteurs à rationaliser les tournées.

    D'autre part, l'écotaxe va permettre également de financer la modernisation de nos infrastructures de transport qui en ont cruellement besoin. Mise en place dès 2005 en Allemagne, l'écotaxe a permis de mobiliser 4,3 milliards d'euros en 2012 pour moderniser les infrastructures, et la part du fret ferroviaire a fortement augmenté.

    Un impact sur le consommateur limité

    Ceux qui s'insurgent aujourd'hui contre cette taxe manipulent sciemment la réalité. Il est parfaitement faux de dire que le consommateur final supportera in fine le poids de cette écotaxe. Le coût du transport représente 10% du prix des marchandises, la taxe est de 4,1% et elle ne porte que sur le transport routier empruntant les seules routes surchargées (l'écotaxe ne s'applique qu'à 1% du réseau routier français).

    Son impact sera donc mécaniquement très limité : dans le pire des cas, la moitié d'1 centime pour une salade de 1 euro. Pas même le coût du sachet plastique ! Bien loin du coût du gaspillage de la chaîne de distribution...

    Des flux financiers créateurs d'emplois

    L'écotaxe ne détruira pas non plus l'économie locale. Bien au contraire, elle l'encourage ! Applicable à tous les transports, et payable au kilomètre, elle va pénaliser les transports longs et faire baisser ainsi l'avantage concurrentiel de marchandises provenant de pays aux normes sociales et environnementales faibles.

    Espérons qu'il sera bientôt fini le temps où certains transporteurs routiers étrangers ne faisaient que traverser la France du sud au nord, en n'apportant comme valeur ajoutée à notre économie que pollution et destruction de nos routes, en étant, comble de l'absurde, indirectement financés par les usagers et les contribuables français. En réalité, les flux financiers créés par l'écotaxe sont créateurs d'emplois que ce soit par l'investissement en infrastructures (près de 1 milliard d'euros par an) et par la protection des emplois locaux contre certaines importations.

    Une dynamique régionale nouvelle

    Concernant la Bretagne, la majorité a su faire preuve d'écoute et de pragmatisme pour prendre en compte la particularité de ce territoire. Pour preuve, le périmètre routier taxable a été réduit, la Bretagne a été rendue bénéficiaire d'un abattement de 50% sur le taux kilométrique de la taxe et une exonération pour les véhicules à citerne utilisés pour la collecte de lait a été accordée. L'écotaxe encourage, en Bretagne comme ailleurs, des logiques de transformation sur place des productions.

    Faut-il rappeler que 700 000 porcs bretons sont envoyés à l'abattage en Allemagne chaque année ! L'application de l'écotaxe encouragerait leur abattage sur place. Ainsi seule la viande sera exportée, pas le cochon vivant ! Faire de l'écotaxe un symbole des difficultés actuelles du secteur est donc un contre-sens total.

    Des lobbys soucieux de leur rentes

    Le gouvernement doit par conséquent rester ferme sur l'application de l'écotaxe au 1er janvier 2014. Dénonçons plutôt l'instrumentalisation de l'écotaxe par certains lobbies, de toute évidence plus soucieux de leurs profits immédiats que du bien-être de ceux qui souffrent réellement d'un système productiviste à bout de souffle ; plus soucieux finalement de conserver leur rente au détriment des enjeux environnementaux et de développement local.

     

     

     

     

  • 29 octobre 2013. CP EELV : Suspension de l’écotaxe poids lourds : c’est la Bretagne qui perd.

    Pour Europe Écologie Les Verts, la décision du Premier ministre de suspendre sine die la mise en oeuvre de l'écotaxe ne réglera aucun des problèmes, aucune des difficultés que connaît aujourd'hui la Bretagne. Bien au contraire, les fonds qu'elle aurait permis de récolter feront cruellement défaut aux collectivités locales et ce sont tous les contribuables qui en supporteront la charge.

     

    L'écotaxe poids lourds n'est pas à l'origine des milliers d'emplois perdus ces dernières années dans l'agro-alimentaire et l'agriculture en Bretagne.

    Les élus, les responsables agricoles, au premier rang desquels la FNSEA, et les dirigeants économiques bretons qui ont ces dernières semaines porté, y compris en attisant la violence, le mouvement contre l'écotaxe ont commis une faute grave et portent une très lourde responsabilité. Ils ont agi contre l'intérêt même de la Bretagne, dont l'avenir ne peut passer par l'expansion d'un modèle productiviste qui mène la région à sa ruine.

    Licenciements, menaces sur l'ensemble de la filière, concurrence déloyale à l'intérieur même de l'Union européenne, déstabilisation des territoires : ce sont ces mauvaises nouvelles qui nourrissent la colère des bretons, pas l'écotaxe poids lourds ! Ni sa suppression, ni son report ne régleront quoi que ce soit. La crise bretonne est celle d'un modèle tout entier qui, chaque jour et depuis longtemps, fabrique bien davantage de perdants que de gagnants, qui a éliminé des milliers d'emplois paysans, un modèle qui n'a tenu que par le maintien de salaires faibles et de conditions de travail critiquables dans toute la filière, sous la pression de la grande distribution.

    La complicité des pouvoirs publics qui prévaut depuis trente ans ne peut plus durer, sauf à préparer demain de nouvelles catastrophes.

    Europe Écologie Les Verts appelle, au-delà des mesures d'urgence sociales nécessaires, à repenser profondément le modèle agricole breton, au bénéfice d'une agriculture paysanne, des consommateurs et de l'environnement.

    L'écotaxe poids lourds peut être un premier pas dans cette direction, notamment en permettant une relocalisation des activités aujourd'hui déplacées à l'étranger. L'absence de mise en oeuvre rapide à l'issue des consultations ouvertes par le Premier ministre serait une nouvelle et dramatique occasion manquée.

    Europe Écologie Les Verts considère que la colère qui s'exprime aujourd'hui en Bretagne, bien au-delà de la seule question de l'écotaxe, est une colère qui concerne tout notre pays. Elle appelle, pour la majorité, à une clarification de ses objectifs et de ses méthodes.

    Pascal Durand, Secrétaire national

     

     

     

    Pour Europe Écologie Les Verts, la décision du Premier ministre de suspendre sine die la mise en oeuvre de l’écotaxe ne réglera aucun des problèmes, aucune des difficultés que connaît aujourd’hui la Bretagne. Bien au contraire, les fonds qu’elle aurait permis de récolter feront cruellement défaut aux collectivités locales et ce sont tous les contribuables qui en supporteront la charge .

    L’écotaxe poids lourds n’est pas à l’origine des  milliers d’emplois perdus ces dernières années dans l’agro-alimentaire et l’agriculture en Bretagne.

    Les élus, les responsables agricoles, au premier rang desquels la FNSEA, et les dirigeants économiques bretons qui ont ces dernières semaines porté, y compris en attisant la violence, le mouvement contre l’écotaxe ont commis une faute grave et portent une très lourde responsabilité. Ils ont agi contre l’intérêt même de la Bretagne, dont l’avenir ne peut passer par l’expansion d’un modèle productiviste qui mène la région à sa ruine.

    Licenciements, menaces sur l’ensemble de la filière, concurrence déloyale à l’intérieur même de l’Union européenne, déstabilisation des territoires : ce sont ces mauvaises nouvelles qui nourrissent la colère des bretons, pas l’écotaxe poids lourds ! Ni sa suppression, ni son report ne régleront quoi que ce soit. La crise bretonne est celle d’un modèle tout entier qui, chaque jour et depuis longtemps, fabrique bien davantage de perdants que de gagnants, qui a éliminé des milliers d’emplois paysans, un modèle qui n’a tenu que par le maintien de salaires faibles et de conditions de travail critiquables dans toute la filière, sous la pression de la grande distribution.

    La complicité des pouvoirs publics qui prévaut depuis trente ans ne peut plus durer, sauf à préparer demain de nouvelles catastrophes.

    Europe Écologie Les Verts appelle, au-delà des mesures d’urgence sociales nécessaires, à repenser profondément le modèle agricole breton, au bénéfice d’une agriculture paysanne, des consommateurs et de l’environnement.

    L’écotaxe poids lourds peut être un premier pas dans cette direction, notamment en permettant une relocalisation des activités aujourd’hui déplacées à l’étranger. L’absence de mise en oeuvre rapide à l’issue des consultations ouvertes par le Premier ministre serait une nouvelle et dramatique occasion manquée.

    Europe Écologie Les Verts considère que la colère qui s’exprime aujourd’hui en Bretagne, bien au-delà de la seule question de l’écotaxe, est une colère qui concerne tout notre pays.  Elle appelle, pour la majorité, à une clarification de ses objectifs et de ses méthodes.

    Pascal Durand, Secrétaire national

  • 6 mars 2014. Interview de Ronan Dantec dans le mensuel Breton : un processus démocratique pour dépasser les Pays de la Loire

    Ronan Dantec est un Breton qui peut sembler à contrecourant. Le sénateur écologiste, auteur d'un rapport sur la question, défend envers et contre tout l'écotaxe. Élu nantais, il s'oppose à Jean-Marc Ayrault, appelant à la disparition des Pays de la Loire ou affirmant l'inutilité du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

    PROPOS RECUEILLIS PAR MAIWENN RAYNAUDON-KERZERHO. Pour vous abonner au magazine c'est ici!

    COUV-BretonVous êtes assez critique par rapport au mouvement des Bonnets rouges ?
    Je comprends l'inquiétude et la désespérance sociale qui s'expriment, et la capacité de mobilisation collective est une force de la Bretagne, mais cette floraison de drapeaux bretons ne doit pas masquer l'affaiblissement de la réflexion collective en Bretagne. Nous avons par exemple une réelle difficulté à intégrer l'émergence du fait urbain. Cette absence de projet partagé a été masquée depuis vingt ans par la force des mobilisations militantes sur la langue ou l'environnement. Cela apparaît maintenant assez clairement, notamment avec les discours des Bonnets rouges, mais ce n'est pas nouveau. J'ai été effondré par le succès de la pétition de Jean Ollivro, « l'appel pour l'équilibre urbain de la Bretagne ». C'était une pétition contre les grandes villes bretonnes. C'est hallucinant. Le fait que 75% des Bretons habitent en ville et que les métropoles tirent le développement économique n'a pas été intégré ! C'est un peu comme si on vivait encore avec l'image d'une région de ports de pêche et de bourgs ruraux. La Bretagne a quand même plusieurs grandes villes, trois ont ce nouveau statut de métropole, c'est une chance ! On en est encore à Théodore Botrel, une vieille constante de l'histoire intellectuelle de la Bretagne conservatrice : les filles qui partent à la ville sont perdues, la ville c'est le mal. En plus, aujourd'hui, la ville, c'est le lieu d'adaptation à la mondialisation. Être contre la métropole, c'est finalement être contre la mondialisation : c'est le côté Mélenchon. Il y a donc bien aujourd'hui une forme d'objet intellectuellement non-identifié, le Botrelo-Mélenchonisme...

    Le fait que la Bretagne soit une région urbaine est donc une chance ?
    Nous n'avons pas été capables de raconter une histoire qui correspond à la réalité bretonne, celle de grandes villes qui structurent l'ensemble de l'espace breton, et qui ont permis aujourd'hui à la région d'être classée dans les cinq ou six grandes régions françaises en termes de richesse, de dynamisme économique, avec un chômage plus faible que la moyenne. Or, on transforme une chance en objet de peur et d'affrontements, autour du « mur Nantes-Rennes ». Mais je ne suis pas pour une acceptation d'une Bretagne de grandes villes qui s'étaleraient dans les campagnes. L'étalement urbain est un drame breton. J'insiste aussi sur le débat clé à mener sur l'immigration en Bretagne, autour de l'attractivité de ces pôles urbains. Nous gagnons des familles, notamment des classes moyennes avec enfants, qui n'ont pas par définition eu de culture bretonne dans le biberon. Quelle identité bretonne urbaine vont-elles porter ?

    Vous avez annoncé que vous vouliez sauver l'écotaxe ?
    Les seuls gagnants de la mobilisation bretonne sur l'écotaxe sont les céréaliers de la Beauce et la grande distribution. Les Finistériens se sont mis au service de la Beauce. Pourquoi ?

    Les entreprises de la région, notamment Produit en Bretagne, disaient que cette taxe allait peser lourdement sur leur chiffre d'affaires, que c'était une forme d'impôt sur le handicap ?
    La Bretagne, le Finistère, a pris de plein fouet la fermeture de plusieurs grandes entreprises de main d'œuvre, d'où cette angoisse légitime. Cette crise était pourtant annoncée depuis longtemps. Et plutôt que d'analyser les responsabilités bretonnes – tout le monde savait qu'on allait en arriver là ! – au lieu de savoir pourquoi la région a toléré le jusqu'au boutisme de Doux, de Tilly, l'écotaxe a permis de faire dériver le débat. Au lieu de parler de notre responsabilité dans l'évolution du modèle agricole breton, on l'a joué Célib années 50. C'est à la limite de l'escroquerie intellectuelle ! Alors que le problème n'est pas de même nature ! On a évité ainsi de se poser les vraies questions et de mettre le doigt là où ça fait mal.

    Quelles sont les vraies questions ?
    C'est l'avenir d'un modèle agroalimentaire de production de masse, en grande difficulté dans la mondialisation, notamment parce qu'énormément lié à des importations d'aliments aux prix plutôt orientés à la hausse. Des difficultés sont nées aussi de concurrences déloyales au niveau européen, particulièrement les salaires dans les abattoirs allemands. Le sauvetage de Gad, si tant est qu'il était possible, nécessitait d'abord une pression contre le dumping social allemand. Paradoxalement, le renchérissement des coûts de transport était plutôt une bonne chose ! Parce que si le transport est cher, on transforme sur place. L'écotaxe était plutôt une solution pour sauver Gad !
    La vraie question est de se mobiliser pour l'amélioration des infrastructures. Sur les transports, la difficulté finistérienne est connue. Il faut accélérer les travaux de la RN 164, de Rennes à Carhaix, et surtout l'offre de mobilité TGV au départ de Brest et Quimper ! Les enjeux sont là. Comme tout ça est financé par l'écotaxe, la planter au niveau national ralentit les investissements de transport en Bretagne.

    Cette mobilisation a quand même permis de remettre sur la table un certain nombre de dossiers : la décentralisation, la charte des langues régionales...
    C'est vrai. On a été un certain nombre à dire à Matignon : une partie de la réponse se trouve aussi sur l'identité, la langue. Derrière la mobilisation des Bonnets rouges, il y a autre chose que l'écotaxe, c'est le refus permanent et scandaleux de la reconnaissance culturelle. On en était conscients. On l'a dit, Ayrault l'a compris. Je pense que l'écotaxe a servi de catalyseur à une inquiétude plus générale et légitime, mais si on réfléchit bien, la Bretagne a besoin de l'écotaxe. Le gain en investissement sur la mobilité de désenclavement est bien supérieur au coût pour quelques filières. Aujourd'hui, c'est un milliard d'euros d'investissement qui ne vont pas être réalisés ou financés par les impôts sur le revenu ! Les exonérations obtenues par la Bretagne étaient globalement satisfaisantes. Le Lot est plus enclavé que le Finistère ! Donc réformer l'écotaxe oui, mais la supprimer non !

    Le mouvement des Bonnets rouges manque donc de propositions ?
    On verra le mois prochain mais aujourd'hui, à part être au service de la droite conservatrice, de la FNSEA, et de quelques grands lobbies nationaux de la distribution, on ne voit pas bien où il débouche. La question clé en Bretagne aujourd'hui, c'est la coopération entre les grandes villes bretonnes et les villes moyennes, entre l'est et l'ouest de la Bretagne. On est dans une région très fracturée. Le drapeau breton sert à masquer ces fractures lourdes. On porte à l'extérieur l'idée de la Bretagne, mais à l'intérieur, les gens s'affrontent du matin au soir. Il faut sortir de cette situation. Et la priorité, c'est le dialogue entre Brest et Nantes. Il ne faut pas laisser s'installer un rapprochement Nantes-Rennes qui ne soit pas contrebalancé. C'est la responsabilité des deux villes. Mais il faut aussi que les Brestois jouent cette carte. C'est aussi un axe Saint-Nazaire-Brest. On a vu sur les énergies renouvelables, sur l'éolien, une totale compétition entre Saint-Nazaire et Brest, là où on aurait dû avoir création de filière commune. En ce sens, le découpage administratif joue. Joël Batteux (maire de Saint-Nazaire) et Jacques Auxiette (président des Pays de la Loire), opposés à la réunification, ont joué l'affrontement avec Brest plutôt que la coopération.

    Vous avez fait un communiqué appelant à la disparition des Pays de la Loire ?
    Les Pays de la Loire n'ont pas fonction à survivre à la réduction du nombre des régions françaises. C'est très clair. Mais je crains le retour du débat stérile entre réunification de la Bretagne d'un côté, fusion Grand Ouest de l'autre. Je rappelle que déjà sous Pompidou, c'est parce que les élus n'étaient pas d'accord sur la taille de la future région qu'il n'y a pas eu redécoupage. Il ne faudrait pas qu'on retombe dans le même panneau. Moi, je plaide pour que chaque département de la région des Pays de la Loire décide de son avenir. C'est la seule solution. Il faut un processus démocratique à l'échelle des départements. Angers est en train de renforcer son axe avec Tours. Des sénateurs de la région Centre sont venus me voir en disant que ça les intéresse de créer une région Val de Loire. Le Mans est dans la même logique, avec Tours et Angers. Mais quand on discute avec les sénateurs mayennais, c'est pour évoquer le rapprochement avec Rennes ! Les Vendéens, honnêtement, je ne sais pas. La vraie question stratégique qui nous est posée c'est : est-ce qu'on accepte de se lancer dans un processus démocratique dont on ne connaît pas le résultat, sachant que cela peut déboucher sur une Bretagne un peu élargie, ou on reste dans un débat stérile qui se terminera par un statut quo ? Les dernières déclarations d'Auxiette en faveur de la fusion grand ouest, et de Le Drian, strictement sur la Bretagne historique, vont dans ce sens, aucun des deux ne souhaite aujourd'hui que les choses bougent. Je le réaffirme, l'enjeu prioritaire, c'est bien Nantes et Rennes dans la même région. Ce serait la réaffirmation en Loire-Atlantique de l'identité bretonne, donc globalement son renforcement et non sa dilution !

    Jean-Marc Ayrault, sur France Inter, a dit oui au redécoupage, mais pas chez lui. «On ne prend pas des bouts de région pour les coller à d'autres. Ce sont des questions sérieuses», a-t-il précisé...
    Ca m'a évidemment agacé... Jean-Marc Ayrault a eu tort de tenter de refermer le débat d'autant qu'il a favorisé le rapprochement entre Nantes et Rennes. C'était complètement illisible par rapport à la déclaration d'Hollande. Mais je ne crois pas qu'il s'opposera s'il y a un consensus sur le processus démocratique. Son souci constant, c'est de ne pas se braquer avec les socialistes des Pays de la Loire. S'il y a un vrai processus démocratique, je ne vois pas qui pourrait s'y opposer !

    Il y a eu tellement de rendez-vous manqués, d'espoirs déçus...
    Qui a mis sur la table l'idée de lancer un processus démocratique à l'échelle de l'ensemble des départements ? Quasiment personne ! Hollande dit : il y a trop de régions. Celle-ci fait partie de celles qui doivent disparaître, Balladur l'a dit avant. Simplement, elle disparaît comment ? C'est la question ! Les Bretons ne peuvent pas arriver en disant : voilà la carte. Ils ne peuvent pas décider pour les autres ! Il faut demander aux uns et aux autres : qu'est-ce que voulez ? Et je suis persuadé que personne ne veut d'un Grand ouest ! Et si on finit à six ou sept départements, on aura quand même progressé fortement.

    Êtes-vous pour une régionalisation renforcée ?
    Ayrault a dit un truc fort dans son discours à Rennes : schéma prescriptif d'aménagement du territoire. Cela veut dire que les régions auraient les capacités législatives pour imposer. Je soutiens ceux qui veulent que la Bretagne ait plus de pouvoir. Mais arrêtons de dire que tout cela est une affaire parisienne où les Bretons n'ont pas leur mot à dire. Le président de l'association des départements de France s'appelle Claudy Lebreton, président des Côtes-d'Armor. Le président de l'association des communautés d'agglo, c'était Daniel Delaveau, maire de Rennes. Et la ministre, c'est Marylise Lebranchu, de Morlaix ! C'est bien aussi les Bretons qui n'ont pas été capables de se mettre d'accord ! Il faut quand même le dire à la fin ! Marylise Lebranchu s'est beaucoup battue pour renforcer les pouvoirs régionaux. Elle s'est heurtée à tous les lobbys, communaux et départementaux ! Les Bretons étaient au cœur du débat sur la loi de décentralisation. Eux-mêmes ne se sont pas mis d'accord !

    Vous êtes aussi opposé au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?
    Oui, et là, je suis d'accord avec Christian Troadec. Je comprends son analyse sur l'aéroport, je la partage. Le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes pose d'abord d'énormes problèmes démocratiques : c'est quand même le projet d'un État arrogant qui passe en force sur tous les processus de débat public, et ça c'est inacceptable. Mais au-delà de mon opposition sur le fond à ce projet, écologiquement et économiquement absurde, je pense qu'il participe de la fracture territoriale entre l'est et l'ouest breton. C'est clair que ce projet n'est soutenu que par les milieux économiques de la Loire-Atlantique, et de la Bretagne sud jusqu'à Lorient. Ce n'est pas l'aéroport du Grand Ouest, il dessine un espace réduit à deux ou trois départements. Les Angevins ne le soutiennent pas, les Finistériens et les Vendéens sont contre. L'alternative, c'est de créer une plate-forme unique Nantes-Brest. Et de mettre en place une navette pendulaire entre les deux aéroports, en développant les offres de charter ou de lignes européennes des deux plates-formes de manière coordonnée.

     

    www.bretons-mag.com

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