Posté le : Le 17 12 09    Source : www.cmaintenant.eu

Dans la morosité et le froid glacial de Copenhague, je suis bien conscient que ce nouveau point de vue peut surprendre, mais je reste persuadé , au vu des échanges que j’ai avec nombre de délégués, qu’un accord plus ambitieux que prévu reste à porter demain au Bella Center, où je reste aujourd’hui avec mon mandat des gouvernements locaux unis, l’un des derniers élus locaux, accrédité en tant que tel.

Il ne s’agit pas de verser dans un optimisme béat : Copenhague ne sera de toute manière qu’un accord cadre, bien moins précis et contraignant que prévu dans la feuille de route initiale, et comme je l’ai déjà plusieurs fois écrit, dans tous les cas, la négociation se poursuivra sur de nombreux points après Copenhague, au moins jusqu'à la COP 16 à Mexico en 2010. Je regrette néanmoins l’intervention cette après-midi de Nicolas Sarkozy sur ce point ; à l’entrée de la nuit de négociation clef, évoquer déjà une nouvelle COP dans six mois ne motivera guère les délégués dans leur recherche de l’accord cadre le plus ambitieux.

Pourtant un certain nombre d’éléments me semblaient intéressants et porteurs d’espoirs.

Ce jeudi, tout d’abord, nous négocions toujours sur les textes LCA (action a long terme) et KP (protocole de Kyoto), les textes sous la convention qui pouvaient faire l’objet d’une adoption formelle. C’était une victoire pour les pays du Sud, qui refusaient l’abandon du processus Kyoto et souhaitaient que la négociation finale se base bien sur les textes LCA (le plus travaillé collectivement) et KP. L’intervention de Nicolas Sarkozy a donc jeté le trouble avec cette annonce d’un nouveau texte politique « chapeau » dont l’articulation avec ces deux textes (qu’il veut aussi garder…) n’apparait pas clairement.

Pourtant, ce matin, le groupe G77 + Chine se voulait plus conciliant, en affirmant clairement qu’ « ils ne voulaient pas passer pour les méchants ». Hier soir, les Américains ont affirmé aussi « qu’il voulait négocier et trouver un compromis ». Entre postures et réelle volonté de déboucher, les prochaines heures vont donc être cruciales, et le pire n’est pas encore certain.

Même s’il sera sans nul doute très incomplet, un résultat encore acceptable de Copenhague pourrait se décliner en quelques points :

- un accord autour des deux textes « LCA » et « KP », avec une cohérence et des passerelles entre les deux qui restent à préciser…, et le temps va maintenant manquer sur ce point.

- Des engagements de réduction autour de 15 à 20% en 2020 pour les pays industrialisés, objectif inferieur aux demandes des scientifiques, mais qui étant complétés des objectifs de réduction des pays émergents, et surtout d’objectifs 2030 plus ambitieux (voir mon texte précédent), donneraient quand même un premier signal d’arrêt de croissance des émissions mondiales. Si des mécanismes de suivi de ces engagements étaient clairement décidés (mais sur ce point la négociation est particulièrement difficile et quasi impossible d’ici samedi) nous aurions peut-être (mais je reconnais là un optimisme probablement exagéré) une base pour une réévaluation de ces objectifs après 2013 et le prochain rapport du GIEC, qui s’annonce alarmant.

- Concernant le financement de l’aide aux pays du Sud (adaptation et atténuation), l’accord est quasiment bouclé pour le « fast start », l’aide d’urgence avant 2012 pour environ 6 à 7 milliards d’euros. Surtout, et je prends ici un fort risque d’être contredit par les faits, il me semble percevoir quelques avancées pour le financement long terme pour la période 2012-2020, avec l’objectif final de plus de 100 milliards en 2020. Nous sommes encore loin du compte, mais dans la recherche de financement « innovants », les pistes restent ouvertes : taxation sur les « carburants de soute » (bateaux et avions), voire, ce qui serait fort symbolique après la dernière crise, sur les transactions financières internationales.

Ainsi petit à petit, une architecture possible se dessine, reste aux chefs d’Etats à la confirmer et à la renforcer.

Copenhague est la négociation la plus complexe et la plus ambitieuse de l’histoire de l’humanité. Il était quasiment impossible qu’elle soit totalement satisfaisante dans ces résultats immédiats, mais elle n’aura de sens que si les décisions prises impulsent une dynamique forte et que les grands mécanismes choisis se révèlent compatibles avec une accélération des efforts dans les toutes prochaines années. C’est sur cette base qu'il faudra en lire le résultat.

Pour l’instant, nous n’en sommes pas là. Même en nombre restreint depuis que l’UNFCCC a réduit nos accréditations à 300 représentants des« ONG » (pour plus de 20 000 inscrits initiaux), nous devons continuer à pousser pour l’accord le plus ambitieux possible. Les marges de négociations sont encore réelles, et plus on avancera dans les heures qui viennent, plus les signaux seront forts pour poursuivre les nécessaires mobilisations de tous les acteurs, comme les gouvernements locaux que je représente. Car il y a au moins un point qui s’impose  à tous : nous n’avons pas le choix. Même si ce n’est que dans 6 mois, un accord contraignant est indispensable. 15 jours de débats  à Copenhague n’ont pas défini de plan B pour la planète. Nous devons juste espérer que les chefs d’états, qui se réuniront cette nuit après le repas officiel, en sont aussi informés.

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