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  • 14 février 2017. Question au gouvernement sur l'inéluctable augmentation des prix de l'électricité - et la réponse de la ministre.

    La question en vidéo

    Monsieur le Président, ma question s’adresse à Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer.

    L’actualité du nucléaire est cette semaine particulièrement dense. L’incident de la semaine dernière à Flamanville, troisième incendie dans une centrale en 10 jours, 2 à Cattenom et 1 à Flamanville, rappelle que le risque zéro n’existe pas et souligne tout particulièrement la fragilité de nos installations vieillissantes.

    Pendant ce temps, personne ne sait vraiment où sont passés les noyaux fondus de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, qui se sont fait la malle en perçant un trou dans la dalle de béton, mais qui se rappelle à notre bon souvenir par des radiations intenses. Le dernier rapport de TEPCO, l’exploitant de la centrale, annonce ainsi des taux de radiations dans le réacteur numéro 2, de nature à tuer immédiatement tout individu s’en approchant.

    La catastrophe est bel et bien aussi économique, et à l’échelle mondiale, le conglomérat industriel japonais Toshiba, après une perte de plus de 3 milliards d’euros liée à sa filiale nucléaire Westinghouse, a annoncé ce mardi qu’il allait limiter les risques dans l’activité nucléaire à l’étranger en ne prenant plus en charge la construction de nouveaux projets. Il se désengage même de l’Inde, que certains dépeignent pourtant en Eldorado du nucléaire.

    En France, cet échec économique est aussi patent. La publication des résultats annuels d’EDF, aujourd’hui, montre une baisse de près de 15% de son résultat net courant, avec un cash-flow négatif de 1,6 milliards, alors que ce qu’il est convenu d’appeler le mur d’investissement (Hinkley Point, grand carénage des centrales existantes, reprise d’Areva moribond, et j’en passe) se rapproche à toute vitesse. Le PDG d’EDF, Jean-Bernard Levy, impute une large part de ce résultat à la baisse des prix du marché, dans un contexte de surproduction européen, et il a donc de nouveau demandé une hausse des tarifs de l’électricité.

    Madame la Ministre, pour cette dernière question avant la fin de cette session, connaissant votre liberté de ton, pouvez-vous nous dire, en toute liberté puisque ce n’est vraisemblablement pas ce gouvernement qui sera en charge de cette décision, si vous considérez vous aussi, comme Monsieur Levy, inéluctable l’augmentation des prix de l’électricité en France pour faire face aux coûts d’investissement dans le nucléaire, ou considérez-vous qu’une autre voie est possible ?

    Réponse de Ségolène Royal : Monsieur le Sénateur, Mesdames et Messieurs les Sénateurs.

    Il y a beaucoup de choses dans votre question mais j’irai directement à ce que vous venez de poser, à savoir sur la hausse des tarifs réglementés de vente de l’électricité. Vous savez que le gouvernement a mis en place une réforme, que l’on disait d’ailleurs impossible, puisque les tarifs ne sont plus calculés uniquement aujourd’hui en fonction des coûts d’EDF, qui était à la fois juge et partie d’une certaine façon puisque c’était les calculs d’EDF qui permettaient de calculer la hausse de l’électricité, mais désormais sur le calcul de cette hausse nous tenons compte de la hausse du prix de marché de l’électricité en France globalement et au niveau mondial. Grâce à cette réforme, depuis plus de dix ans, les tarifs adoptés au 1er août 2016 ont baissé, en moyenne de 0,5% pour les particuliers et de 1,5% pour les artisans. Et nous continuerons à être extrêmement vigilants sur la hausse des tarifs, parce que parallèlement, ce que nous mettons en place, vous le savez puisque vous avez beaucoup contribué à l’adoption de la loi de transition énergétique ainsi que les membres du Sénat, nous continuons à accélérer la transition énergétique pour la croissance verte qui porte aujourd’hui ses fruits. Et puisque vous parlez de l’équilibre entre l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables, vous savez à partir des derniers résultats que les raccordements d’énergie éolienne ont augmenté de 45% au cours de l’année qui vient de s’écouler et que, par conséquent, on peut dire que c’est grâce aux énergies renouvelables qu’il n’y a pas eu de coupures de courant pendant le pic de froid. Parce que, nous avions neufs réacteurs nucléaires à l’arrêt pour des raisons de sécurité nucléaire et nous avons aujourd’hui l’équivalent de production de six réacteurs nucléaires en énergies renouvelables. Et je me réjouis de voir qu’EDF, non seulement devient un opérateur très important des énergies renouvelables et des énergies alternatives puisqu’il investit 2 milliards d’euros dans cette filière, que le Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives, que nous visitions récemment avec le Premier Ministre à Grenoble, s’investit également très fortement notamment sur la route solaire, chère à Jean-Claude Lenoir, et à toutes les nouvelles technologies. Et par conséquent, le mouvement est en marche, il est irréversible et la France peut s’honorer d’être la nation de l’excellence environnementale.

  • 15 octobre 2013. Pour Ronan Dantec la transition énergétique ne doit pas servir de prétexte au prolongement des centrales nucléaires actuelles

    Alors que le gouvernement vient d'annoncer que le nucléaire allait participer au financement de la transition énergétique, Ronan Dantec souligne le risque que ce scénario serve de prétexte au prolongement des centrales actuelles.

    Article de Sylvestre Huet et Coralie Schaub paru dans Libération le 14 octobre 2013

    Le gouvernement veut prolonger jusqu'à cinquante ans la durée de vie des 19 centrales françaises.

    Faire durer pour mieux rentabiliser. Selon le Journal du dimanche, le gouvernement souhaite prolonger la durée de vie du parc nucléaire français. Jusqu'à cinquante ans, au lieu de quarante aujourd'hui, pour les 19 centrales hexagonales. La décision devrait être prise formellement le 15 novembre au Conseil de politique nucléaire. Un choix qui, cependant, ne dépend pas uniquement de l'autorité politique. Et qui ne serait pas sans conséquence sur la politique énergétique de la France.

    De fait, l'annonce d'une prolongation ne constituerait pas une surprise, puisqu'elle fait partie des objectifs d'EDF depuis une dizaine d'années et qu'elle a déjà fait l'objet d'un dialogue officiel entre l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et l'entreprise. Dès 2009, EDF a fait part à l'ASN de sa volonté d'aller vers une durée de fonctionnement de soixante ans pour ses 58 réacteurs. L'électricien a même transmis un programme de travaux à cet effet. En juin, l'ASN, dans une lettre publique adressée à EDF, a considéré que la «méthodologie proposée est globalement satisfaisante», mais que ses décisions seront prises «réacteur par réacteur», en fonction de travaux permettant d'améliorer la sûreté afin de s'approcher des standards de l'EPR en construction à Flamanville (Manche).

    Des profits. Car si le Conseil de politique nucléaire peut, en principe, recommander une telle prolongation au nom d'une politique énergétique, la décision ne lui revient pas en termes de sûreté. La loi a en effet institué l'ASN comme autorité administrative indépendante. Elle est dirigée par un collège de cinq commissaires irrévocables (durant six ans), son président étant nommé par le chef de l'Etat et les autres membres par les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat. Aucun réacteur ne peut ainsi fonctionner sans son autorisation. L'ASN peut les stopper à tout moment et EDF doit se plier à toutes ses inspections et prescriptions sous peine de sanctions judiciaires. Ce dispositif légal signifie que le gouvernement ne peut pas empêcher l'ASN d'arrêter provisoirement ou définitivement un réacteur nucléaire pour des raisons de sûreté... à moins de faire voter une autre loi. A l'inverse, le gouvernement peut fermer un réacteur, même si l'ASN l'autorise à fonctionner, pour des raisons de politique énergétique ou économique. Il peut également interdire toute création de centrale nucléaire, car elle suppose un décret d'initiative ministérielle. Comme actionnaire à près de 85% d'EDF, il dispose en outre de la capacité de changer son PDG ou de lui imposer une décision. Les autorisations de prolongation ne seront alors données que pour dix ans, après la visite décennale des 40 ans, le passage de tests obligatoires, les prescriptions de l'ASN respectées et son autorisation obtenue. Pour l'instant, l'ASN a autorisé, sous réserve de prescriptions, les seuls réacteurs de Fessenheim (Haut-Rhin) et du Bugey (Ain) à une exploitation jusqu'à... 40 ans.

    En fait, cet allongement serait pour l'instant purement comptable. L'idée étant d'amortir le coût du parc nucléaire sur cinquante ans au lieu de quarante. Permettant ainsi à EDF d'améliorer ses profits et donc d'augmenter les dividendes versés à l'Etat actionnaire. L'électricien a déjà réalisé une opération similaire en 2003, en portant l'amortissement de ses réacteurs de trente à quarante ans. Ce qui avait gonflé ses bénéfices de près de 700 millions d'euros cette année-là. Quitte à ce que l'ASN donne son accord de principe a posteriori, ce qu'il avait fini par faire en 2009. Rien ne dit que ce sera le cas cette fois-ci. Les consignes de l'ASN sur une éventuelle prolongation à cinquante ans étaient jusqu'ici prévues pour 2015.

    Scénario. En attendant, les écologistes hurlent. Pour les amadouer, Jean-Marc Ayrault avait annoncé le 21 septembre, à la Conférence environnementale, que le nucléaire participerait au financement de la transition énergétique. Entretenant le flou autour de cette «mise à contribution» financière. Certains, comme le sénateur écologiste Ronan Dantec, avaient vite souligné que ce scénario semblait reposer sur une prolongation de la durée de vie des centrales, en avertissant du risque d'un «deal» entre l'Etat et EDF. Cette fois-ci, puisque cette option se précise, la pilule ne passe pas. Dès dimanche, EE-LV dégainait un communiqué, estimant qu'«une telle décision constituerait une provocation politique, un mensonge économique et une aberration énergétique». Idem, hier, du côté de Noël Mamère, ancien EE-LV : «C'est une grande victoire pour le lobby nucléaire et la preuve que le candidat Hollande n'a jamais cru à ses promesses de réduire de 75 à 50% la part du nucléaire dans la production d'électricité [d'ici à 2025, ndlr].» A ce propos, le porte-parole de la Fondation Nicolas-Hulot, Matthieu Orphelin, pose la question :«Où est l'étude sur la façon de parvenir aux 50% d'électricité nucléaire, demandée à l'unanimité, en mai ?»

    «On commence à cerner la réponse des énergéticiens à la transition énergétique : on arrête les énergies renouvelables, on freine la maîtrise des consommations, on prolonge le nucléaire et vive les fossiles !» pointe, furax, un collectif d'ONG. Pourquoi pas, après tout ? Le gouvernement est libre de fixer le cap qu'il veut. Mais alors, à quoi servirait la loi sur la transition énergétique, attendue d'ici à la fin 2014 (après avoir été repoussée) et dont François Hollande disait encore, fin septembre, qu'elle serait «une des plus importantes» du quinquennat ? «On inventerait une sorte de loi de régularisation de décisions prises avant»,ironise l'avocat Arnaud Gossement...
    Sylvestre HUET et Coralie SCHAUB

     

  • 17 mai 2016. Intervention de Ronan Dantec dans le débat sur la proposition de loi sur le projet de stockage de déchets radioactifs en couche géologique profonde

    Monsieur le président,

    Monsieur le rapporteur,

    Madame la secrétaire d’Etat,

    Mes chers collègues,

    Keynes, un peu provocateur, a écrit un jour : « Mieux vaut encore employer des gens à creuser des trous et à les reboucher plutôt que de plonger dans la récession et laisser le chômage s’installer ».

    Je ne pensais pas que nous aurions un jour une proposition de loi de Gérard Longuet, le libéral, en hommage à l’un des grands théoriciens de la gauche, ou tout du moins, d’une partie de la gauche.

    Nous vivons aujourd’hui un moment historique. Pour la première fois, l’une des économies majeures de la planète a vu la quasi-totalité de sa consommation électrique couverte par une production d’énergie renouvelable. Le 8 mai, en effet, à 11h du matin, les quelques 50 gigawatts de consommation de l’Allemagne furent presque totalement couverts par cette production, avec plus de 16 GW de solaire. Cela a d’ailleurs un peu désorganisé le réseau, et la surproduction était telle que les électriciens ont payé pour écouler leur production, ce qui ouvre sur d’autres débats.

    Ainsi, face à ce fait, qui montre à quel point la transition énergétique est engagée en Europe, à quel point son inéluctabilité doit amener à revoir nos modèles, nous devrions être, ici au Parlement, en train de discuter de notre stratégie pour ne pas rater le train du progrès, avoir en tête les centaines de milliers d’emplois créés en Allemagne et soupeser notre stratégie pour que notre modèle énergétique, fleuron français s’il en est, ne soit pas marginalisé dans ce gigantesque marché mondial des énergies en fort développement. Je souligne en effet que les investissements en production électrique renouvelable ont mobilisé, en 2015, 286 milliards de dollars d’investissements, soit plus du double de ceux réalisés dans les centrales à charbon et à gaz. Et je ne parle pas des investissements en nucléaire, insignifiants à l’échelle mondiale en comparaison.

    Mais, au lieu donc de nous concentrer sur ces enjeux économiques essentiels, dans un déni collectif qui engendrera sans nul doute beaucoup de travaux d’historiens et de sociologues dans les prochaines années, nous utilisons aujourd’hui une niche parlementaire pour accélérer le creusement d’un trou, certes le trou le plus cher de l’histoire - 35 milliards d’euros à terme, dont 6 milliards rapidement- mais quand même un trou. Un investissement non productif s’il en est !

    Ce monde est-il sérieux ? J’avoue en douter parfois ! Nous avons une filière nucléaire en quasi-faillite, avec une opération de sauvetage d’Areva qui se fissure comme une vieille cuve de chaudière. Nous avons une préoccupation majeure avec un surendettement connu d’EDF, à qui on demande en plus d’Areva, de supporter les 13 milliards des EPR d’Hinkley Point, mais aussi la cinquantaine de milliards du grand carénage des centrales existantes, et maintenant, la relance de Cigéo ! Tout ça dépasse allègrement les 100 milliards dans les prochaines années, et il n’y a même pas besoin d’être un ancien directeur financier d’EDF pour savoir que c’est impossible. On finit par se dire qu’il y a quand même une volonté forte d’en finir avec le service public à la française, en organisant la faillite d’EDF. Nous aurons d’ailleurs noté, il y a quatre jours, la menace d’une nouvelle dégradation par Moody’s de la note d’EDF, fait très problématique pour un opérateur déjà très endetté. Bref, changeons de logiciel avant qu’il ne soit trop tard, et ce n’est pas la logique de Cigéo.

    Je ne vais pas vous surprendre en vous disant que le groupe écologiste votera contre cette proposition de loi.

    Parmi tous pays qui produisent de l’énergie nucléaire, la France est le seul à miser sur le stockage en couche géologique profonde, alors que l’état actuel de la recherche ne permet pas de répondre à toutes les questions posées par cette technologie.

    Les retours d’expérience montrent que la meilleure alternative aujourd’hui, ou la moins mauvaise en tout cas, est clairement le stockage à sec en sub-surface, d’ailleurs l’un des trois axes de recherche identifiés par la loi Bataille de 1991. Cette technologie est utilisée en Allemagne et aux Etats-Unis, elle garantit une solution de stockage pendant des centaines d’années, répond évidemment à l’exigence de réversibilité, et coûte bien moins cher.

    On joue beaucoup sur les mots en cette fin d’après-midi, notamment sur la réversibilité. Je suis désolé pour notre rapporteur mais, la réversibilité doit bien être synonyme de récupérabilité, à tout moment, en cas d’accident ou au cas où d’autres solutions de retraitement existent plus tard. Il ne peut pas en être autrement. C’est notre responsabilité à l’égard des générations futures. En proposer une autre définition, et je salue la tentative du rapporteur pour rendre acceptable l’inacceptable, est en fait prononcer aujourd’hui l’oraison funèbre de Cigéo.

    C’est aussi le bon sens pour éviter de se retrouver avec des factures gigantesques en cas de problème. Citons l’exemple du centre de stockage WIPP (Waste Isolation Pilot Plant), situé au Nouveau-Mexique, aux Etats-Unis, projet suspendu depuis deux ans suite à un incendie et à l’émission de fortes doses de plutonium. Même fiasco pour le centre de stockage d’Asse en Allemagne, où la mine de sel, qui devait être totalement étanche, s’est retrouvé rongée par les infiltrations, et les coûts s’annoncent faramineux pour récupérer les déchets déjà entreposés.

    Au moins, je reconnais à cette proposition une honnêteté, soulignée ce matin par le rapporteur. En couche profonde, au vu des mouvements des couches d’argile, nous savons qu’au-delà de 50 ans, la récupération sera quasiment impossible. Donc nous nous apprêtons à lancer, après quelques auditions et deux heures de débat, un investissement de 35 milliards d’euros sur un siècle pour des déchets qui seraient là pour des centaines de milliers d’années.

    Tout ça n’est absolument pas sérieux et je vous propose, chers collègues, que nous reprenions nos esprits en repoussant cette proposition de loi, que nous vous demandons d’enterrer en couche géologique profonde à la place des colis de déchets nucléaires.

  • 17 mai 2016. Le Sénat abandonne le principe de réversibilité pour le stockage des déchets nucléaires

    Communiqué de presse de Ronan Dantec suite à l'adoption à la quasi unanimité (seul le groupe écologiste a voté contre) la proposition de loi de Gérard Longuet sur le stockage des déchets nucléaires en couche géologique profonde.

    Le choix du gouvernement de soutenir la proposition de loi de Gérard Longuet sur le stockage des déchets radioactifs à Bure (projet Cigéo) participe d’une dangereuse fuite en avant, face aux impasses maintenant connues du nucléaire.

    En abandonnant, à travers une définition fumeuse de la réversibilité, l’idée même de la récupérabilité des déchets nucléaires au-delà de quelques dizaines d’années, la proposition de loi de Gérard Longuet, faisant fi des accidents industriels sur des centres de stockage de déchets nucléaires aux Etats-Unis et en Allemagne, condamne les générations futures à vivre avec des déchets irrécupérables, et sans même qu’aucune expérimentation n’ait confirmé la faisabilité technique de ce stockage.

    De plus, le coût de ce centre d'enfouissement, peu évoqué lors du débat, apparaît insupportable pour les finances de la filière électrique française. Ce projet coûtera environ six milliards d’euros dans les toutes prochaines années, pour un coût que l’ANDRA (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) évalue au total à environ 35 milliards d’euros... Investir cette somme sera pure folie au moment où EDF, très endettée, et dont la note menace d’être encore dégradée par Moody’s si elle s’aventure sur l’EPR britannique, ne peut faire face aux investissements nécessaires à une transition énergétique adossée aux renouvelables qui s’accélère en Europe et dans le monde. Le risque de marginalisation de l'industrie énergétique française est aujourd'hui réel, et cette proposition de loi confirme un inquiétant déni de réalité face à la crise profonde et structurelle de la filière nucléaire française.

    Les écologistes ont voté contre cette proposition de loi et suggère de l’enterrer en couche géologique profonde, à la place des colis de déchets nucléaires.

    ***

    Intervention de Ronan Dantec au nom du groupe écologiste ici

  • 18 avril 2014. Retour sur les Journées parlementaires des énergies renouvelables, présidées par Ronan Dantec, le 15 avril.

    Promotion des énergies renouvelables, baisse de la part du nucléaire, rôle accru des collectivités locales, rénovation des bâtiments...Le travail de préparation du projet de loi de transition énergétique se poursuit et Ronan Dantec y prend une part active (notamment en tant que membre du conseil national sur la transition écologique).

    Ci dessous et icil'article de Morgan Boëdec paru sur localtis.info

    Le 15 avril, les cinquièmes rencontres parlementaires sur les énergies renouvelables ont réuni 300 participants. L'occasion de mettre l'accent sur l'épineux sujet d'une meilleure articulation entre dynamiques locales et exigences nationales.

    Les élus et experts présents aux cinquièmes rencontres parlementaires sur les énergies renouvelables le 15 avril ont patiemment attendu l'intervention de Laurent Michel, directeur général de l'Energie et du Climat, qui a fait part la veille à Ségolène Royal, nouvelle ministre de l'Ecologie, des éléments issus du débat national sur la transition énergétique, déjà présentés aux membres du conseil national du même nom et qui préfigurent le projet de loi éponyme attendu pour la mi-juin en Conseil des ministres. Il a confirmé des points de pilotage et de gouvernance qui feront sûrement débat. Aux programmations pluriannuelles des investissements de production, traditionnellement réparties par source d'énergie (électrique, gaz), se substitueraient une programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE). Le pilotage du mix électrique français suivrait donc un cycle de cinq ans et ses orientations seraient fixées "dès fin 2015-début 2016 par une stratégie nationale bas carbone". La PPE tiendra compte des potentiels régionaux. Dans le périmètre des EPCI reviendrait la réalisation de schémas d'approvisionnement et de distribution d'énergie eux-mêmes construits après étude du potentiel de leurs réseaux - ceux de chaleur, par exemple. A rappeler également : la loi devrait élargir à l'air le champ d'action des plans climat énergie territoriaux (PCET), qui deviendraient des PCAET, et leur pilier qu'est le bilan d'émissions de gaz à effet de serre est aussi amené à changer.

    Une loi de semi-planification

    "C'est ce qu'on attend de cette loi, qu'elle planifie, pas forcément au mégawatt près, mais en tout cas, qu'elle change la donne car impossible de rester dans le système actuel, où chacun avance des pions de son côté. Il faut qu'elle fixe un cadre articulant échelon territorial et national", insiste le sénateur EELV de la Loire-Atlantique Ronan Dantec, qui a présidé ces cinquièmes rencontres. "Le calibrage du volet territorial est aussi un enjeu fort et en cours du plan sur les réseaux électriques intelligents, l'un des 34 plans de reconquête industrielle", a ajouté Laurent Michel. Autre plan, celui sur les énergies renouvelables, qui lui aussi avance, même si son pilote, Jean-Claude Andréini, n'en révèle pas tous les axes. Ce programme gouvernemental, qui vise à sélectionner des projets emblématiques pour positionner l'industrie tricolore sur les marchés de l'avenir - surtout à l'export car "la France n'est qu'un morceau du puzzle" - ne tournera pas le dos aux régions, c'est promis : "Bien au contraire, une quinzaine d'entre elles s'impliquent à nos côtés. Reste à hiérarchiser leurs propositions et harmoniser l'ensemble". Palpable dans l'amphithéâtre de la Maison de la chimie, à Paris, où ont eu lieu ces rencontres, l'inquiétude de voir le fossé se creuser entre projets des grands énergéticiens et ceux émanant plus du terrain a interpellé Véronique Bérégovoy, conseillère régionale EELV de Haute-Normandie, qui veille au grain dans sa région, se positionnant nettement sur la production d'électricité par énergie éolienne offshore, avec déjà un parc attribué suite à un appel d'offres et des créations d'emplois attendues surtout au Havre. "Les énergies renouvelables ont comme trait saillant, pour l'éolien mais pas seulement, de se voir dans le paysage. Or si d'indéniables progrès ont été faits sur l'insertion environnementale, il reste beaucoup à faire sur l'acceptabilité et dans le champ de l'ingénierie sociale. Depuis une dizaine d'années, avec à l'époque les schémas régionaux de l'éolien (SRE), le public martèle son désir de participation, par le truchement des collectivités ou de réseaux locaux, à ces projets", explique Jean-Stéphane Devise, de l'agence conseil en développement durable Equalogy. Les projets citoyens de production d'énergie renouvelable peinent en effet à émerger en France. "Et ce, alors même que l'appropriation locale des projets est un facteur essentiel pour la réussite de la transition énergétique", explicitait à ce sujet Noémie Poize, de Rhônalpénergie-Environnement, dans une étude parue en début d'année qui compare la situation française au modèle allemand. En Allemagne, les projets citoyens collectifs dans l'éolien terrestre et la biomasse ne manquent pas ; en France c'est embryonnaire et limité à une poignée de pionniers comme Éoliennes en Pays de Vilaine ou des coopératives d'agriculteurs. Les principaux obstacles évoqués sont réglementaires, fiscaux mais aussi culturels.

    Freins à l'existant

    "Dans un autre domaine, celui des outils ayant fait leurs preuves pour garantir la performance énergétique des bâtiments, la réglementation fait aussi obstacle et ralentit le développement des contrats de performance énergétique (CPE)", a déploré lors de ces rencontres Pierre de Montlivault, directeur des nouvelles offres énergétiques de Dalkia. Avant même de devenir la branche énergie de Veolia environnement, l'entreprise a certes conclu des CPE pour convertir aux énergies renouvelables les bâtiments publics de villes comme Montluçon (Allier), ou plus récemment Perpignan (Pyrénées-Orientales). "Mais ça ne décolle pas alors que le potentiel est là." Autre outil technique, relevant d'un dispositif national mais bloqué lui aussi, les certificats d'économie d'énergie (CEE). Rare collectivité à avoir joué le rôle de tiers regroupeur des CEE en vue de mutualiser les économies d'énergie réalisées par les particuliers pour des travaux effectués sur son territoire, et ce afin de faire du dispositif un vrai service public, le Grand Nancy a rencontré un franc succès avec cette opération mais semble le regretter. "Le pôle national des CEE est engorgé et l'effet d'entonnoir en cette période transitoire fait que sur 700 dossiers de particuliers déposés, pour des financements modestes mais attendus pour des rénovations, de l'ordre de 500-600 euros par foyer, seule une cinquantaine ont abouti", a conclu Jean-François Husson, sénateur UMP de Meurthe-et-Moselle.

    Morgan Boëdec / Victoires éditions

  • 20 et 21 septembre 2013. Participation de Ronan Dantec à la conférence environnementale. Débats et annonces autour de la politique énergétique

    A la suite des diverses annonces faites lors de la conférence environnementale, Ronan Dantec se déclare satisfait des mesures fortes et concrètes annoncées sur l'efficacité énergétique mais relève l'ambiguïté sur le nucléaire. Il salue toutefois la mise à contribution du secteur nucléaire pour financer en partie la transition énergétique annoncée par le Premier ministre, qui annonce une reprise en main de la politique énergétique par l'Etat, notamment face à EDF.

    (plus de précisions dans les deux dépêches AFP ci-dessous)

    Transition énergétique : les Verts satisfaits que le nucléaire paie

    (AFP 21 septembre)

    La mise à contribution du secteur nucléaire pour financer en partie la transition énergétique, annoncée samedi par Jean-Marc Ayrault, marque le "retour de l'Etat, notamment face à son opérateur historique" EDF, sur l'énergie, a estimé le sénateur écologiste Ronan Dantec.

    "Il y a un risque que ce soit un deal par rapport aux centrales qui seraient prolongées (au-delà de 40 ans), mais c'est un signal fort à EDF sur le fait de dire qu'il n'a plus la main sur la transition énergétique", a-t-il ajouté, après le discours du Premier ministre prononcé en clôture de la conférence environnementale.

    M. Ayrault a annoncé que, outre la future taxe carbone, une "partie des gains financiers perçus sur le parc nucléaire existant" permettrait de financer la transition énergétique, sans précisions sur le montant ni la date.

    Faire contribuer le nucléaire est aussi "une bonne nouvelle" pour le député Europe Ecologie-Les Verts (EELV) Denis Baupin. "Je ne sais pas quelle forme ça peut prendre, mais le fait que le nucléaire paie la transition est un juste retour, parce qu'on a tellement payé pour le nucléaire!" s'est-il réjoui.

    Greenpeace, en revanche, a estimé que le gouvernement est resté "une nouvelle fois dans le flou". "La transition énergétique ne se fera que si le gouvernement prend ses responsabilités" en fermant "progressivement les réacteurs nucléaires au profit des énergies renouvelables", a estimé l'organisation écologiste.

    Malgré l'absence d'une éventuelle hausse de la taxation du diesel, les élus écologistes n'ont pas fait la fine bouche: "Il n'y a pas de déception sur les attentes qu'on n'avait pas... Le gouvernement n'est pas un gouvernement écologiste, donc c'est chaque jour qu'il faut convaincre sur la valeur ajoutée de l'écologie", a expliqué l'eurodéputée EELV Sandrine Bélier.

    Beaucoup plus de déceptions en revanche sur ce sujet du côté des ONG.

    Pour la Fondation Nicolas Hulot, l'absence du diesel est "incompréhensible". "Globalement, le discours ne nous paraît pas en phase avec les enjeux, avec tout ce qui est sorti des tables rondes" organisées dans le cadre de cette deuxième conférence environnementale, a résumé le porte-parole de cette fondation, Matthieu Orphelin.

    France Nature Environnement a pour sa part entendu "un beau discours de belles envolées", mais a demandé "quand est-ce que cet élan va enfin se traduire dans des faits concrets?"

     Les Verts saluent le cap énergétique fixé par Hollande

    dépêche AFP, 20 septembre 2013

    Les écologistes ont salué comme un «signal ambitieux» le cap fixé vendredi par le président François Hollande en ouverture de la deuxième conférence environnementale sur les questions d'énergie.

  • 20 février 2015. La transition énergétique au Sénat : retour du tout-nucléaire, menace sur l'éolien... et amélioration sensible sur la rénovation du bâti

    Ci-après le communiqué de presse de Ronan Dantec, chef de file du groupe écologiste au Sénat sur le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, faisant suite à la fin des débats hier soir. Le vote solennel aura lieu le 3 mars.

    CI-après également un article de Pierre Le Hir et Laetitia Van Eeckhout du Monde décrivant "ce qui a changé entre les deux chambres parlementaires, aux majorités politiques opposées".

    La transition énergétique au Sénat : retour du tout-nucléaire, menace sur l'éolien... et amélioration sensible sur la rénovation du bâti.

    CP de Ronan Dantec

    Après deux semaines de débat, la discussion du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte s'est achevée au Sénat dans la soirée du jeudi 19 février. Mille amendements ont été examinés, le groupe écologiste en avait déposé plus de 140, dont une quarantaine a été adoptée (cf. la liste jointe).

    Chef de file du groupe écologiste pour ce projet de loi, Ronan Dantec regrette tout d'abord que la majorité sénatoriale ait refusé de s'engager totalement dans cette transition énergétique, en maintenant l'illusion de l'immortalité des centrales nucléaires françaises. Les écologistes se sont donc opposés sans succès à la suppression de la référence 2025 pour la réduction de la part du nucléaire à 50% et à la remontée du plafond de production maximum à 64,85 GW, qui permettrait de brancher l'EPR sans avoir à fermer une autre centrale. Ce refus de s'inscrire dans une réalité économique, européenne et mondiale, où le nucléaire apparaît clairement de moins en moins compétitif (capacité de production mondiale en baisse régulière), aura marqué les débats, alors que l'enjeu industriel pour la France est pourtant bien de s'inscrire dans les filières économiques des renouvelables, massivement créatrices d'emploi.

    Les amendements écologistes ont défendu le développement de ces filières, avec notamment, avec le soutien de la Ministre, l'instauration d'un délai maximum de 18 mois pour le raccordement des installations, là où parfois ce délai dépasse trois ou quatre ans aujourd'hui. C'est avec consternation que les écologistes ont enregistré l'élargissement à 1000 mètres (contre 500 mètres actuellement), de la distance minimale entre une éolienne et des habitations, ce qui bloquerait, s'il était appliqué, une part considérable des projets éoliens français.

    Ces différentes mesures sur le nucléaire et l'éolien déstructurent le projet de loi, en remettant en cause un scenario crédible de rééquilibrage du mix électrique français à horizon 2025, engagement fort du Président de la République lors de sa campagne. Les écologistes se mobiliseront donc pour que la CMP (commission mixte paritaire) restaure l'ambition initiale du projet de loi.

    Ils seront aussi attentifs au maintien des améliorations réelles du projet de loi lors de la discussion sénatoriale. Ronan Dantec se félicite du soutien de la Ministre sur nombre d'amendements portés par les écologistes, notamment sur la rénovation thermique des bâtiments. L'adoption de deux amendements écologistes, sur l'avancée à 2020 de l'obligation de rénovation thermique du parc locatif privé (commun avec des sénateurs socialistes), ou pour la première fois, l'obligation (en 2030) de rénovation au moment d'une mutation (achat/vente), sont des progrès considérables qu'il faut préserver.

    Le groupe écologiste a obtenu des avancées notables dans de nombreux autres domaines. On peut citer, sans être exhaustif, la création d'une filière REP pour le recyclage des vieux bateaux de plaisance, une méthodologie unifiée de comptabilisation des émissions territoriales de CO2, le libre choix de l'opérateur énergétique pour les petites îles non connectées, la formation professionnelle pour les métiers liés à la transition énergétique ou le renforcement du contrôle technique des véhicules diesel.

    Le groupe écologiste s'est mobilisé tout au long des débats, avec des amendements défendus avec succès par, outre le chef de file, Joël Labbé, Aline Archimbaud, Marie Blandin et Jean Desessard. Les sénateurs écologistes seront donc très attentifs au devenir de ces amendements en CMP ou en nouvelle lecture.

    Transition énergétique : comment le Sénat a changé la loi
    Le Monde.fr Pierre Le Hir et Laetitia Van Eeckhout

    Quelques avancées, sur la rénovation des bâtiments, les transports propres ou la biomasse. Mais surtout, un recul sur les grands objectifs énergétiques, notamment sur le nucléaire. Le Sénat, qui a achevé, jeudi 19 février dans la soirée, l'examen du projet de loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, a largement revu et corrigé le texte que les députés avaient adopté en première lecture le 14 octobre 2014. Voici, sur les principaux chapitres, ce qui a changé entre les deux chambres parlementaires, aux majorités politiques opposées.

    La sobriété énergétique remise en cause

    Le texte voté par les députés visait, dans son article I, à « définir les objectifs communs pour réussir la transition énergétique, renforcer l'indépendance énergétique de la France et lutter contre le changement climatique ». Les sénateurs y ont ajouté une finalité supplémentaire — « renforcer la compétitivité économique de la France » —, qui éclaire, en partie, la façon dont ils ont réorienté le projet de loi.

    Le texte initial mettait sur un pied d'égalité les grands objectifs de la politique énergétique nationale : baisse des émissions de gaz à effet de serre de 40 % en 2030 et division par quatre en 2050, réduction de la consommation énergétique finale de 50 % en 2050, avec un premier palier de 20 % en 2030, diminution de la consommation de ressources fossiles de 30 % en 2030... Le Sénat, lui, a fait de la diminution des gaz à effet de serre « l'objectif principal », dont les autres ne sont plus que des corollaires, entachés qui plus est d'incertitudes quant à leur réalisation.

    En particulier, la réduction de moitié de la consommation d'énergie en 2050 est devenue un objectif qui doit être « poursuivi », et non plus expressément atteint. En outre, le premier palier (une baisse de 20 % en 2030) a purement et simplement disparu.

    L'atome réactivé

    C'est la principale entorse au projet de loi de la ministre de l'écologie, Ségolène Royal, et au texte issu des travaux de l'Assemblée nationale. Celui-ci actait deux promesses de François Hollande : réduire de 75 % à 50 %, d'ici à 2025, la part de l'électricité d'origine nucléaire, et plafonner le parc électronucléaire à sa puissance actuelle de 63,2 gigawatts (GW).

    L'objectif de 50 % de nucléaire dans le mix électrique a été conservé par les sénateurs, mais l'échéance de 2025 n'y figure plus. Il s'agit désormais de « viser à terme » ce pourcentage, sans aucun calendrier. Un nouvel article prévoit toutefois que le gouvernement remette au Parlement, avant le 31 décembre 2015, « un rapport détaillant les conséquences, en termes de charges publiques, d'un objectif de réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité à 50 % à l'horizon 2025 ». Ce rapport devrait aussi indiquer « le nombre de réacteurs nucléaires qu'il serait nécessaire de fermer d'ici à 2025 ».

    Quant au plafonnement de la puissance du parc, son principe est lui aussi maintenu, mais à un niveau porté à 64,85 GW, afin de permettre la mise en service, prévue en 2017, du réacteur pressurisé européen (EPR) de Flamanville (Manche), sans devoir fermer aucun des cinquante-huit réacteurs actuels. Le Sénat prévoit donc, en réalité, une montée en puissance du nucléaire. Ce qui rejoint la priorité donnée à la baisse des gaz à effet de serre, l'atome étant présenté comme « une énergie décarbonée ».

    La rénovation énergétique des bâtiments accélérée

    Le Sénat s'est attaché à renforcer ce pilier du projet de loi, le bâtiment représentant aujourd'hui 40 % de la consommation d'énergie. Les sénateurs ont ainsi décidé qu'avant 2020, tous les logements du parc privé les plus énergivores devront avoir fait l'objet d'une rénovation énergétique, alors que le gouvernement prévoyait cette obligation avant 2030. Les bâtiments concernés sont ceux dont la consommation en énergie primaire est supérieure à 330 kWh par mètre carré et par an.

    Les sénateurs ont également inséré un article pour rendre obligatoire à compter de 2030 la rénovation énergétique des logements mis en vente. « Les changements de propriétaire amènent souvent à la réalisation de travaux, plus facilement réalisables puisque le logement est vide », fait observer le sénateur écologiste de la Loire-Atlantique Ronan Dantec, auteur de cet amendement.

    Des transports propres aux mobilités propres

    Le Sénat a également enrichi cette partie du projet de loi visant à améliorer la qualité de l'air et à protéger la santé. Il a ainsi rebaptisé la stratégie pour les transports propres que devra désormais définir l'Etat « stratégie pour la mobilité propre » afin qu'elle englobe l'ensemble des modes de transports durables, et notamment les « modes de transport collaboratifs » comme l'autopartage ou le covoiturage. Et cette stratégie aura vocation à constituer un volet de la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE).

    Dans cet esprit, les sénateurs ont voté une obligation pour les sociétés autoroutières, lors de la création ou de la modification d'un échangeur, « de créer ou d'améliorer les aires ou équipements de covoiturage avec une capacité correspondant aux besoins ». De même, tout renouvellement ou renégociation de leur délégation et de leur cahier des charges devra « prévoir une tarification réduite pour les véhicules sobres et peu polluants ».

    Les sénateurs ont par ailleurs donné la possibilité aux maires d'abaisser la vitesse maximale de circulation à 30 km/h sur toutes les voies de circulation de leur commune, alors qu'ils ne pouvaient le faire jusque-là que dans des zones particulières.

    L'article qui crée des « zones à circulation restreinte », dont l'accès est interdit aux véhicules polluants, est lui aussi modifié. Un dispositif transitoire est notamment créé pour les villes qui, comme Paris, souhaiteraient instaurer une telle mesure sans attendre la mise en œuvre du décret d'application.

    Enfin, les sénateurs ont tenu à renforcer le contrôle technique des véhicules particuliers ou utilitaires légers roulant au gazole, afin que soient mieux prises en compte les émissions de polluants atmosphériques, en particulier des particules fines.

    Economie circulaire : des ajouts mais un recul sur les sacs en plastique

    Les sénateurs ont décidé d'étendre aux publications de presse la filière de collecte sélective et de recyclage des papiers. A l'exception des journaux d'information politique et générale, la presse devra donc désormais s'acquitter de l'écocontribution.

    Le Sénat a également décidé qu'à compter du 1er janvier 2017 les personnes qui mettent sur le marché, à titre professionnel, des navires de plaisance ou de sport seront tenus de contribuer à leur recyclage. « Les bateaux de plaisance en fin de vie font souvent l'objet d'un abandon par leur propriétaire faute d'une filière et d'un financement adaptés. Il s'agit ainsi d'encourager la constitution d'une filière de démantèlement des navires, qui doit être financée », explique Ronan Dantec, soulignant qu'il y a là « un gisement d'activités et d'emplois ».

    Mais, alors que les députés avaient voté l'interdiction tous les sacs en plastique à usage unique à compter du 1er janvier 2016, les sénateurs ont reporté à 2018 cette interdiction pour les sacs de fruits et de légumes. Ils ont aussi, avec l'aval du gouvernement, autorisé les commerces de moins de 1 000 m2 — c'est-à-dire peu ou prou tous les commerces de proximité —, à continuer à distribuer des sacs plastique pour autant qu'ils soient compostables et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées.

    Renouvelables : vents contraires sur l'éolien

    Le Sénat a conservé l'objectif de 32 % d'énergies renouvelables en 2030, en précisant qu'« à cette date, cet objectif est décliné en 40 % de la production d'électricité, 38 % de la consommation finale de chaleur, 15 % de la consommation finale de carburants et 10 % de la consommation de gaz ».

    Les sénateurs ont pourtant soufflé le chaud et le froid sur les renouvelables, en particulier sur l'éolien. Un amendement du sénateur Ronan Dantec limite à dix-huit mois les délais de raccordement au réseau des installations d'énergies renouvelables, ce qui est de nature à faciliter leur développement. Mais un autre amendement, de Jean Germain (PS, Indre-et-Loire), impose une distance de 1 000 mètres entre une éolienne et des habitations (contre 500 mètres aujourd'hui), ce qui ne peut qu'entraver le déploiement de cette filière. Les organisations professionnelles de l'éolien demandent le retrait de cette mesure, à leurs yeux « catastrophique ».

    Par ailleurs, un nouvel article prévoit que « l'Etat met[te] en œuvre une stratégie nationale de mobilisation de la biomasse », c'est-à-dire du bois-énergie. Il s'agit de permettre « l'approvisionnement des appareils de chauffage au bois domestique, chaufferies collectives industrielles et tertiaires et unités de cogénération ».

    Vote le 3 mars

    Le vote final du Sénat aura lieu mardi 3 mars après-midi. Le texte étant — très — différent de celui adopté par l'Assemblée nationale, une commission mixte paritaire (sept députés et sept sénateurs) sera ensuite réunie, sans attendre une deuxième lecture par les deux chambres, car le projet de loi est examiné en procédure accélérée.

    Si cette commission mixte parvenait à s'accorder sur un texte consensuel, celui-ci n'aurait plus qu'à être adopté dans les mêmes termes par l'Assemblée et le Sénat. Dans le cas contraire, une nouvelle lecture complète sera nécessaire à l'Assemblée puis au Sénat, l'Assemblée ayant ensuite le dernier mot. C'est l'hypothèse la plus probable, à moins que le gouvernement ne choisisse de gagner du temps en proposant un compromis lors de la commission paritaire. Reste à savoir quel compromis pourrait être trouvé sur le nucléaire...

     

  • 27 mai 2016. #CIGEO dans CO2 mon amour sur France inter

    Dans l'émission "CO2 Mon Amour" sur France Inter, Ronan Dantec rappelle à propos du scandale ‪#‎CIGEO‬, l'impasse du nucléaire et dénonce le fait que "le Sénat a expédié en 2h un dossier à 35 milliards!"

    A réécouter ici (à partir de 5')

  • 31 mars 2016. Question d'actualité au gouvernement de Ronan Dantec à Emmanuel Macron sur l'avenir d'EDF.

    En réponse à Ronan Dantec, Emmanuel Macron confirme que la programmation pluriannuelle de l'énergie respectera la loi de transition énergétique et donc actera la baisse à 50% de la part du nucléaire dans le mix électrique à horizon 2025.

    Monsieur le Président,

    Cette question s’adresse au ministre de l’économie.

    Monsieur le ministre,

    Depuis maintenant des mois, l’inquiétude augmente concernant l’avenir d’EDF. Lourdement, très lourdement endettée – 37 milliards d’euros, soit plus de 600 euros par français – EDF a vu fondre sa capitalisation boursière de 150 milliards en 7 ans, un indicateur clair d’une perte de confiance assez générale dans son modèle économique, tout cela dans un contexte de forte baisse du prix de l’électricité sur les marchés européens.

    Monsieur le Ministre, il nous faut sauver le service public de l’électricité, avec ses enjeux d’aménagement du territoire et de prix unique. Pour cela, il faut en finir avec les investissements aventureux. Dans un monde où les investissements en énergies renouvelables sont désormais majoritaires – 286 milliards cette année – entrainer une entreprise surendettée dans un projet de centrale nucléaire en Angleterre à Hinkley point qui va coûter 23 milliards d’euros serait pure folie. Aucun banquier sérieux ne couvrirait une telle opération. D’ailleurs, que la CGT d’EDF, bonne connaisseuse de la maison, et assez peu connu pour son activisme anti-nucléaire, dénonce par avance le risque mortel de cet aventurisme devrait encore plus nous alerter.

    Ma question est donc celle-ci : partagez-vous l’analyse selon laquelle il est maintenant urgent de publier une programmation pluriannuelle de l’énergie (une PPE) crédible, cohérente avec la loi de transition énergétique et la baisse à 50% de la part du nucléaire dans le mix électrique en 2025, et prévoyant donc explicitement la fermeture d’une vingtaine de réacteurs, pour reprendre le chiffre de la Cour des comptes ? Seule l’adoption de cette PPE autoriserait EDF à intégrer dans son bilan la prolongation de la durée d’amortissement des autres réacteurs, ce qui améliorerait son résultat, et par contrecoup sa note financière, lui permettant donc de continuer à emprunter à des taux raisonnables. De plus, dans un contexte de surproduction électrique, c’est donc dire si c’est une logique vertueuse, cette réduction des capacités de production amènerait à une remontée mécanique des prix sur les marchés et donc à la reconstitution des marges d’exploitation de notre électricien national. Je ne doute pas, Monsieur le ministre, que vous partagez l’analyse et que vous allez peser dans ce sens, pour la sauvegarde d’un service public auquel nous sommes tous très attachés.

  • 7 juin 2016. Débat sur la mise en oeuvre de la loi de transition énergétique, un an après son adoption.

    Intervention de Ronan Dantec au nom du groupe écologiste dans le débat sur le thème : « La mise en oeuvre de la transition énergétique en France, un an après la loi n° 2015-992 du 17 août 2015, afin de pérenniser notre modèle énergétique, de garantir notre indépendance énergétique et notre compétitivité économique, tout en poursuivant des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre » (demande du groupe Les Républicains).

    Monsieur le Président, Madame la secrétaire d’Etat, Chers collègues,

    Je voudrais tout d’abord commencer par féliciter le groupe Les Républicains et tout particulièrement mes amis Jean-Claude Lenoir et Ladislas Poniatowski pour le choix du thème de ce débat. Nous vivons en effet un moment historique.

    Entre le 7 et le 11 mai 2016, le Portugal a eu uniquement recours à l’éolien, au solaire et à l’hydraulique pour couvrir l’ensemble de ses besoins en électricité. C’est d’autant plus notable qu’en 2013, ce pays tirait encore 23% de son électricité du nucléaire importé, 13% de l’hydraulique, et à peine 10% de l’éolien et du solaire. Très dépendant des énergies fossiles jusqu’à récemment, le Portugal a fait le choix d’investir massivement dans l’éolien et l’hydraulique et il a réussi. Ancien pays importateur d’électricité, il devient lui aussi de plus en plus exportateur et c’est bien ce nouveau paradigme qu’il convient aujourd’hui d’aborder lucidement.

    En Allemagne, les énergies renouvelables ont battu des records en 2015, année où le renouvelable (solaire, hydraulique, éolien...) a couvert plus d'un tiers de la consommation d'électricité outre-Rhin, à hauteur de 32,5% contre 27,3% en 2014. Quant à la production éolienne terrestre, elle se hisse à 78 térawattheures, soit un bond de 50% par rapport à 2014. Au passage, la consommation d'électricité en Allemagne a légèrement augmenté l'an dernier dans le sillage d'une année plus froide que la précédente. Et 2016 sera probablement encore meilleure que 2015. Le 8 mai 2016, l'Allemagne a produit 95 % de son électricité avec des énergies renouvelables. Les quelques 50 gigawatts de consommation de l’Allemagne ont ainsi été quasiment totalement couverts par cette production, avec plus de 16 gigawatts de solaire.

    Permettez-moi aussi d’indiquer qu’au niveau mondial les investissements en production électrique renouvelable ont mobilisé, en 2015, 286 milliards de dollars d’investissements, soit plus du double de ceux réalisés dans les centrales à charbon et à gaz. Je ne parle même pas de l’investissement en nucléaire qui est totalement négligeable par rapport aux investissements mondiaux dans les renouvelables.

    Ce développement inéluctable des renouvelables n’est pas sans conséquences. Le jour du pic de production renouvelable en Allemagne que je viens d’évoquer, le prix d’échange de l’électricité s’est établi à un niveau négatif : -97€ le MWh entre 13h et 16h, et jusqu’à -130€ entre 14 et 15h.

    Dans une Europe de plus en plus interconnectée, cette évolution du modèle énergétique européen impacte très fortement le modèle ancien énergétique français, qui économiquement ne tient plus. Cela doit faire consensus entre nous.

    L’extrême gravité de la situation financière d’EDF et les conséquences de notre retard dans notre capacité à faire évoluer le système énergétique français sont telles que je tremble aujourd’hui très sincèrement pour le service public à la française si nous continuons à vivre dans ce refus du monde réel.

    L’endettement d’EDF s’élève déjà à 37 milliards, et le mur d'investissements auquel le groupe doit faire face apparait aujourd’hui très clairement infranchissable : le grand carénage des centrales nucléaires en premier lieu, dont le coût pourrait atteindre entre 50 milliards d'euros - c’est le chiffre avancé par EDF – et 100 milliards d'euros - selon la Cour des comptes - , le rachat de l'activité réacteurs d'Areva aujourd’hui en faillite virtuelle pour 2,5 milliards, et l’investissement de 18 milliards de livres sterling dans l’EPR d'Hinkley point qui a déjà provoqué la démission du directeur financier du groupe.

    Ce n’est pas faisable sauf à vendre les bijoux de famille. RTE aujourd’hui et demain probablement ERDF, l’activité distribution donc, qui est le socle de l’égalité à la française au niveau de l’électricité...

    Notre problème principal est donc celui de l’effondrement du prix de gros sur le marché de l’électricité – passé d’une moyenne de 42€ le mégawatheure (MWh) fin 2014 à 28€ le MWh aujourd’hui – alors qu’EDF considère qu’à moins de 37€, son modèle économique ne fonctionne plus.

    Ca ne passe donc plus. Pour un vrai libéral, ou du moins pour un lycéen qui aurait fait au moins quelques mois de cours d’économie : la seule issue est de réduire la production (surtout que la loi de transition énergétique prévoit bien que la production électrique française n’augmentera plus). Et pour supprimer les surproductions, il faut fermer des productions de base, pas des productions intermittentes. Et quelles possibilités de fermetures en production de base avons-nous ? Nous n’avons que des centrales nucléaires. C’est-à-dire que si nous voulons revenir dans un système économique vivable pour EDF, il faut fermer des tranches nucléaires. Sans remontée des prix, EDF ne survivra pas. Dans ce contexte, continuer à se mobiliser pour retarder la fermeture de Fessenheim est un dangereux combat d’arrière-garde.

    En conclusion, il y a quelques années, vingt ans peut-être, je serais intervenu en incarnation de l’écolo brun et barbu, fier de son panneau solaire auto-construit accroché sur son toit, au risque des quolibets des ingénieurs et des économistes sérieux. Nous avons certes un peu blanchi mais surtout le monde a beaucoup changé. Je ne sais pas si vous en êtes conscients chers collègues mais aujourd’hui, et j’en suis tourneboulé, c’est moi qui représente les puissances industrielles, celles qui brassent des centaines de milliards d’euros, qui créent des millions d’emplois, 8 millions selon le dernier rapport de l’IRENA (Agence internationale des énergies renouvelables) et donc je m’adresse avec bienveillance aux derniers représentants d’une production énergétique marginale, en l'occurrence le nucléaire – j’ai connu ça dans ma jeunesse – en leur disant : évoluez, ouvrez les yeux, car sinon la France va avoir de grosses difficultés.

     

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