"La lutte contre le changement climatique doit passer par les collectivités locales, selon Ronan Dantec, porte-parole de « Cités et gouvernements locaux unis ".

mardi, 13 décembre 2011 / Thibaut Schepman /  Journaliste

Ronan Dantec est vice-président de Nantes Métropole et porte-parole « climat » de Cités et gouvernements locaux unis, organisation mondiale qui représente les intérêts des pouvoirs locaux.

Terra eco : Vous militez pour le développement d’actions à l’échelle des collectivités locales pour lutter contre le changement climatique. Avec votre organisation, pourquoi étiez-vous présents au sommet de Durban, où se sont joués les accords internationaux ?

Ronan Dantec : Nous militons dans l’ensemble des sommets internationaux pour le climat pour rappeler une évidence : aucun objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne peut être atteint sans les collectivités locales. J’estime qu’en Europe les collectivités locales ont entre les mains 50% de nos capacités d’actions, à travers notamment les réseaux de transports, la forme urbaine et la qualité de l’habitat. Ce rôle doit être reconnu et commence à l’être depuis le sommet de Copenhague (en 2009 ndlr). A Cancún (en 2010, ndlr), cette évidence a été reconnue pour la première fois et même mentionnée dans les textes d’accord.

Pensez-vous que les résultats obtenus à Durban vont dans le bon sens. Les collectivités peuvent-elles développer ces actions avec un Kyoto a minima ?

Bien sûr, on est loin d’un accord global et contraignant permettant de faire face à l’ampleur du problème. Mais des pas ont été franchis. Pour les collectivités, une mesure validée juste avant le sommet va changer beaucoup de choses. Le bureau expert des mécanismes de développement propre (MDP) vient de reconnaitre aux collectivités le droit de recourir aux MDP (voir au bas de l’article), qui consiste pour des entreprises à financer des dispositifs propres dans les pays en développement pour atteindre leurs propres objectifs d’émissions. Concrètement, avant, seuls les Etats en développement pouvaient bénéficier de ces finances, et maintenant les municipalités de ces pays qui ont des projets intégrés, globaux, pourront également y avoir droit.

Par ailleurs, Durban a permis une deuxième avancée majeure, avec la prolongation du protocole de Kyoto jusqu’en 2015. Les mécanismes que je viens de mentionner n’existent que dans le cadre du protocole de Kyoto. Si celui-ci n’avait pas été reconduit, tout aurait été gelé. Au contraire, ces deux avancées obtenues à Durban vont nous permettre de continuer à agir localement, avec un horizon à 2015. Mieux, je dirais que cela nous donne la responsabilité d’entraîner la mobilisation par le local, en montrant concrètement qu’il est possible d’agir et de réussir.

Reste la question clé des financements. Alors que les Etats restreignent les budgets, que peuvent faire les collectivités ?

Comme je l’ai dit, des avancées ont été faites pour le financement des projets dans les collectivités des pays en développement. Pour celles des pays développés, il faut accélérer le mouvement. Pour l’instant, les fonds du marché carbone européen ne sont pas rétrocédés aux collectivités. Il faut changer la donne. A l’horizon 2020, ces fonds pourront représenter 25 milliards d’euros, j’espère que 10 milliards seront rétrocédés aux collectivités. De même, j’espère que les subsides du Fonds vert seront également versés aux collectivités locales. Enfin, il faudra aussi mettre en place une fiscalité écologique, avec notamment une contribution carbone sur la consommation des ménages.


Les mécanismes de développement propre (MDP), késako ?

Le protocole de Kyoto ne pose pas de limitations d’émissions de gaz à effet de serre pour les pays en développement mais inclut des dispositions pour soutenir des réductions dans ces pays. Le mécanisme de développement propre (MDP) en fait partie. Le principe ? Un Etat ou une entreprise d’un pays industrialisé payent pour des projets qui réduisent ou évitent des émissions dans des pays émergents, en échange de quoi ils gagnent des crédits carbone. Ces derniers peuvent être utilisés pour atteindre leurs propres objectifs d’émissions. Les secteurs concernés par des projets MDP sont l’énergie, le traitement des déchets, l’industrie, le secteur résidentiel et tertiaire, les transports, l’agriculture et le secteur forestier. Les projets MDP peuvent porter sur des économies d’énergie, des changements de combustible, des énergies renouvelables ou la création de « puits de carbone » (pour le secteur forestier).

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