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Intervention de Ronan Dantec lors de la troisième conférence sur le financement du développement à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne.

Messieurs les co-présidents,
Mesdames et Messieurs les délégués,

Quand nous parlons enjeux de développement, nous parlons de la vie quotidienne des habitants de cette planète. Nous parlons de leur accès à l’énergie, à un logement décent, de leur capacité à se déplacer pour travailler, se soigner, s’éduquer.

Ainsi il ne sera pas possible d’atteindre les objectifs de développement durable sous l’implication de ceux qui font cette vie quotidienne, c’est à dire des acteurs locaux : ONG, entreprises, et évidemment gouvernements locaux et infranationaux dont le rôle est absolument essentiel, notamment dans la meilleure allocation des ressources budgétaires disponibles et la mobilisation de tous les acteurs territoriaux.

La décentralisation et le renforcement des ressources fiscales des autorités infranationales sont donc incontournables pour atteindre nos objectifs communs de développement. Le texte en discussion ici à Addis-Abeba est encore très timide sur ce point. La France soutient le renforcement du rôle des autorités locales, et souligne l’importance du paragraphe 34, en insistant sur le fait que c’est bien par la coopération entre tous les niveaux, en respectant les principes de subsidiarité, que nous serons les plus efficaces. La cohérence que nous souhaitons pour les politiques internationales, nous devons aussi la rechercher entre politiques publiques nationales et infranationales.
J’insisterai sur quelques points complémentaires.

Tout d’abord, à quelques mois de la COP21 en France, nous devons être attentifs à ce que les financements climat qui seront précisés à Paris soient mobilisés demain au service du développement durable des territoires, notamment pour l’accès à l’énergie durable, une urbanisation maitrisée et une capacité forte de résilience face aux risques. En ce sens, un accès facilité des territoires à ces financements est crucial. C’est ce qu’on tdit ensemble, dans un texte commun, il y a 10 jours à Lyon, un grand nombre des principales organisations mondiales d’acteurs non-étatiques : représentants des gouvernements infranationaux, des entreprises, des syndicats, des ONG environnementales, de femmes et de jeunes, et des peoples autochtones. Nous devons les entendre, étudier leurs propositions précises.

Face à la diversité des financements, nous devons étudier avec précision les meilleures synergies entre investissements publics et privés, entre financements lourds d’infrastructures, et soutien de proximité aux tissus économiques locaux. Nous devons nous appuyer sur l’expertise des autorités locales et des acteurs locaux pour définir les meilleurs cadres d’investissement, réfléchir aux soutiens à apporter aux porteurs de projets pour qu’ils puissent présenter les garanties nécessaires facilitant leur accès à ces financements. Cette réflexion doit être menée à l’échelle interne, et nous pouvons déjà être certains que ce sont les territoires qui trouveront la plus grande cohérence entre les différents niveaux de gouvernement qui présenteront demain les meilleurs résultats dans la réalisation des objectifs de développement durable.

Enfin, je voudrais surligner l’enjeu de création d’environnement favorable à l’échelle territoriale, avec le rôle clé joué par les petites et moyennes entreprises, qui doivent trouver localement un accès à des financements répondant à leurs besoins. Cet environnement passe aussi par des politiques de formation adapté à ces situations locales, ce qui signifie aussi des versements pérennes pour les autorités infranationales, par leur capacité à capter une part de la valeur ajoutée locale, des plus-values foncières souvent liées à l’investissement public.

Messieurs les co-présidents, mesdames et messieurs les déléguées, la conférence d’Addis est un moment important dans la construction d’un monde plus équitable, répondant aux défis de la pauvreté et d’un monde plus équitable, se mobilisant pour éviter les catastrophes environnementales annoncées. Elle doit déboucher sur des engagements de financement, mais sans la cohérence globale dont parlait tout à l’heure Joseph Stiglitz, cela ne pourra suffire. Et cette cohérence globale n’est possible que si nous plaçons l’action locale au cœur de notre stratégie.