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Au vu de la copie qu’ils ont remise en amont de la conférence climat, les Etats ne sauraient se passer de l’appui des territoires pour contenir le réchauffement sous les 2°C en 2100 (par rapport à 1880). Dans l’accord final du 11 décembre, les autorités locales veulent être reconnues comme actrices à part entière de la lutte contre le dérèglement.

Par Laurence Madoui. En ligne ici

« Insupportable ». Alors que l’objectif de la COP21 est de contenir le réchauffement global sous la barre des 2°C d’ici 2100 (1), « les contributions volontaires des Etats mettent le monde sur la trajectoire des 3°C, une perspective insupportable », alerte Ronan Dantec.

Pour le porte-parole de Cités et gouvernements locaux unis sur le climat, « il faut aller non vers les 2°C mais les 1,5°C, comme cela fut dit à la conférence de Cancun (2010) ».

Le sénateur (EE-LV, Loire-Atlantique) a présidé, le 2 décembre au Bourget, à l’adoption d’une déclaration des acteurs non étatiques (2), qui invite « les Etats à revoir à la hausse leurs contributions dès que possible ». Le texte se situe dans le prolongement de la déclaration de Lyon de juillet 2015, qui avait recueilli « un nombre record de signatures d’acteurs non étatiques dans l’histoire des négociations climat ».

Du terrain au sommet

A l’issue du sommet « Climat et territoires », les réseaux mondiaux de collectivités s’engageaient à réduire de 1,5 milliard de tonnes d’ici 2020 les émissions de gaz à effet de serre. « C’est l’équivalent de ce qu’a réalisé l’Union européenne de 1990 à 2012 », compare Gino Van Begin, secrétaire général du réseau ICLEI (International Council for Local Environmental Initiatives, rebaptisé Local Governments for Sustainability en 2003)

« Aucun Etat n’atteindra ses propres engagements sans la mobilisation des acteurs non étatiques et sans approche territoriale, déclare Ronan Dantec. Le texte final doit ouvrir la gouvernance du climat à ces acteurs : c’est ce sur quoi portera notre lobbying dans les prochains jours. Nos initiatives, qui seront soumises à évaluation régulière, renforceront la crédibilité des engagements des Etats. »

Des villes impliquées

Pour Gino Van Begin, « l’accord aujourd’hui sur la table est très frustrant. Les Etats ont très clairement besoin d’engagements au niveau infra-étatique, où se trouvent des compétences, des technologies, des budgets. Le sommet de Lyon a montré la consistance des actions de terrain. »

Puisque « l’accord issu de la COP 21 ne sera assez performant pour assurer les 2°C, les villes prendront leur part pour combler le fossé, assure Patrick Klugman, adjoint aux relations internationales à la maire de Paris. Les collectivités locales sont coproductrices de solutions dans les négociations onusiennes. Quelque chose change. Ce que l’on fait va, à l’évidence, marquer les négociations climat et les relations internationales. »